"Manière de prononcer !"
"Leur haute mission est de juger avec calme les petits événements de la vie journalière des peuples.
Leur sagesse doit prévenir les grandes colères pour les petites causes,
ou pour des événements que la voix de la renommée transfigure en les portant au loin.
GRATIUS."
Pour un nouveau débarqué, qui par hauteur ne faisait jamais de questions, Julien ne tomba pas dans de trop grandes sottises. Un jour, poussé dans un café de la rue Saint-Honoré par une averse soudaine, un grand homme en redingote de castorine, étonné de son regard sombre, le regarda à son tour, absolument comme jadis, à Besançon, l’amant de mademoiselle Amanda.
Julien s’était reproché trop souvent d’avoir laissé passer cette première insulte, pour souffrir ce regard. Il en demanda l’explication. L’homme en redingote lui adressa aussitôt les plus sales injures : tout ce qui était dans le café les entoura ; les passants s’arrêtaient devant la porte. Par une précaution de provincial, Julien portait toujours des petits pistolets ; sa main les serrait dans sa poche d’un mouvement convulsif. Cependant il fut sage, et se borna à répéter à son homme de minute en minute : Monsieur, votre adresse ? je vous méprise.
La constance avec laquelle il s’attachait à ces six mots finit par frapper la foule.
Dame ! il faut que l’autre qui parle tout seul lui donne son adresse. L’homme à la redingote, entendant cette décision souvent répétée, jeta au nez de Julien cinq ou six cartes. Aucune heureusement ne l’atteignit au visage, il s’était promis de ne faire usage de ses pistolets que dans le cas où il serait touché. L’homme s’en alla, non sans se retourner de temps en temps pour le menacer du poing et lui adresser des injures....
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https://www.youtube.com/watch?v=1GQOB4dGLWo
TABLE DES MATIÈRES
MANUEL POUR ENSEIGNANTS
Introduction
1. Qui sont les enseignants de Dieu ?
2. Qui sont leurs élèves ?
3. Quels sont les niveaux d'enseignement ?
4. Quelles sont les caractéristiques des enseignants de Dieu ?
I. Confiance
A. Développement de la confiance
II. Honnêteté
III. Tolérance
IV. Douceur
V. Joie
VI. Non-défense
VII. Générosité
VIII. Patience
IX. Foi
X. Ouverture d'esprit
5. Comment la guérison s'accomplit-elle ?
I. Le but perçu de la maladie
II. Le changement de perception
III. La fonction de l'enseignant de Dieu
6. La guérison est-elle certaine ?
7. La guérison devrait-elle être répétée ?
8. Comment la perception d'un ordre de difficultés peut-elle être évitée ?
9. Des changements sont-ils requis dans la vie des enseignants de Dieu ?
10. Comment le jugement est-il abandonné ?
11. Comment la paix est-elle possible en ce monde ?
12. De combien d'enseignants de Dieu est-il besoin pour sauver le monde ?
13. Quelle est la signification réelle du sacrifice ?
14. Comment le monde finira-t-il ?
15. Chacun sera-t-il jugé à la fin ?
16. Comment l'enseignant de Dieu devrait-il passer sa journée ?
17. Comment les enseignants de Dieu traitent-ils les pensées magiques ?
18. Comment la correction se fait-elle ?
19. Qu'est-ce que la justice ?
20. Qu'est-ce que la paix de Dieu ?
21. Quel est le rôle des mots dans la guérison ?
22. Comment la guérison et l'Expiation sont-elles reliées ?
23. Jésus a-t-il une place particulière dans la guérison ?
24. Y a-t-il réincarnation ?
25. Les pouvoirs « psychiques » sont-ils désirables ?
26. Dieu peut-il être atteint directement ?
27. Qu'est-ce que la mort ?
28. Qu'est-ce que la résurrection ?
29. Quant au reste
CLARIFICATION DES TERMES
Introduction
1. Esprit - Pur-esprit
2. L'ego - Le miracle
3. Le pardon - La face du Christ
4. Perception vraie - Connaissance
5. Jésus - Le Christ
6. Le Saint-Esprit
Épilogue
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https://www.youtube.com/watch?v=bopFfDonNig
Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington.
Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre.
Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c’est un procédé avouable, s’il en fut.
La Nouvelle-Orléans. 10 mars 1946.
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"L’enfer de la faiblesse !"
"En taillant ce diamant,
un lapidaire malhabile lui a ôté quelques-unes de ses plus vives étincelles.
Au moyen âge, que dis-je ?
encore sous Richelieu,
le Français avait la force de vouloir.
MIRABEAU."
Julien trouva le marquis furieux : pour la première fois de sa vie, peut-être, ce seigneur fut de mauvais ton ; il accabla Julien de toutes les injures qui lui vinrent à la bouche. Notre héros fut étonné, impatienté, mais sa reconnaissance n’en fut point ébranlée. Que de beaux projets depuis longtemps chéris au fond de sa pensée le pauvre homme voit crouler en un instant ! Mais je lui dois de lui répondre, mon silence augmenterait sa colère. La réponse fut fournie par le rôle de Tartufe.
– Je ne suis pas un ange... Je vous ai bien servi, vous m’avez payé avec générosité... J’étais reconnaissant, mais j’ai vingt-deux ans... Dans cette maison, ma pensée n’était comprise que de vous et de cette personne aimable...
– Monstre ! s’écria le marquis. Aimable ! aimable ! Le jour où vous l’avez trouvée aimable, vous deviez fuir.
– Je l’ai tenté ; alors, je vous demandai de partir pour le Languedoc.
Las de se promener avec fureur, le marquis, dompté par la douleur, se jeta dans un fauteuil ; Julien l’entendit se dire à demi-voix : Ce n’est point là un méchant homme.
– Non, je ne le suis pas pour vous, s’écria Julien en tombant à ses genoux. Mais il eut une honte extrême de ce mouvement et se releva bien vite....
Le marquis était réellement égaré. À la vue de ce mouvement, il recommença à l’accabler d’injures atroces et dignes d’un cocher de fiacre.
La nouveauté de ces jurons était peut-être une distraction.
– Quoi ! ma fille s’appellera madame Sorel ! quoi ! ma fille ne sera pas duchesse ! Toutes les fois que ces deux idées se présentaient aussi nettement, M. de La Mole était torturé et les mouvements de son âme n’étaient plus volontaires. Julien craignit d’être battu.
Dans les intervalles lucides, et lorsque le marquis commençait à s’accoutumer à son malheur, il adressait à Julien des reproches assez raisonnables :
– Il fallait fuir, monsieur, lui disait-il... Votre devoir était de fuir... Vous êtes le dernier des hommes...
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"Le vase du Japon!"
"Son cœur ne comprend pas d’abord tout l’excès de son malheur ;
il est plus troublé qu’ému. Mais à mesure que la raison revient,
il sent la profondeur de son infortune.
Tous les plaisirs de la vie trouvent anéantis pour lui,
il ne peut sentir que les vives pointes du désespoir qui le déchirent.
Mais à quoi bon parler de douleur physique ?
Quelle douleur sentie par le corps seulement est comparable à celle-ci ?
JEAN-PAUL."
On sonnait le dîner, Julien n’eut que le temps de s’habiller ; il trouva au salon Mathilde, qui faisait des instances à son frère et à M. de Croisenois, pour les engager à ne pas aller passer la soirée à Suresnes, chez madame la maréchale de Fervaques.
Il eût été difficile d’être plus séduisante et plus aimable pour eux. Après dîner parurent MM. de Luz, de Caylus et plusieurs de leurs amis. On eût dit que mademoiselle de La Mole avait repris, avec le culte de l’amitié fraternelle, celui des convenances les plus exactes. Quoique le temps fût charmant ce soir-là, elle insista pour ne pas aller au jardin ; elle voulut que l’on ne s’éloignât pas de la bergère où madame de La Mole était placée. Le canapé bleu fut le centre du groupe, comme en hiver.
Mathilde avait de l’humeur contre le jardin, ou du moins il lui semblait parfaitement ennuyeux : il était lié au souvenir de Julien. Le malheur diminue l’esprit. Notre héros eut la gaucherie de s’arrêter auprès de cette petite chaise de paille, qui jadis avait été le témoin de triomphes si brillants. Aujourd’hui personne ne lui adressa la parole ; sa présence était comme inaperçue et pire encore. Ceux des amis de mademoiselle de La Mole qui étaient placés près de lui à l’extrémité du canapé affectaient en quelque sorte de lui tourner le dos, du moins il en eut l’idée....
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https://www.youtube.com/watch?v=Ph_tIcT-CDg