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14 Aug 2021 00:07:54 UTC
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J.É Cauchon et le cas de l’Asile de Beauport
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Scandales Numéro 83, automne 2005
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https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2005-n83-cd1045643/7049ac.pdf
Des gens ont bien vu Joseph-Edouard Cauchon entrer dans l'institution à l'occasion. Certains l'ont même déjà aperçu prendre part à des discussions à voie basse avec les propriétaires. Mais n'est-ce pas normal, Cauchon étant un homme si influent?
Déjà, en 1717, des loges avaient été aménagées à l'Hôpital Général à la demande de l'évêque pour y enfermer les «libertines».
C'est un gouverneur général, Charles Theophilus Metcalfe qui convoque le chirurgien James Douglas. D'origine écossaise, établi à Québec en 1826 depuis qu'il avait fui les États-Unis où on reprochait la dissection de deux cadavres volés, Douglas s'était créé une bonne clientèle. James Douglas voulut bien relever un nouveau défi.
Dès septembre 1845, les aliénés de l'Hôpital Général et de la prison de Montréal furent transférés. Des témoignages à ce sujet sont bouleversants. Des détenus, qui n'avaient pas aperçu la lumière du jour depuis des années, s'émerveillaient le long du parcours de voir des arbres et des gens.
Le manoir de Beauport devenu trop petit, Douglas et ses associés firent l'acquisition, en 1849, du grand domaine du juge Pierre-Amable De Bonne sur le chemin de la Canardière (site actuel du Centre hospitalier Robert Giffard).
Cauchon rédi-geait et Côté imprimait Le Journal de Québec (Pierre Péladeau reprendra le même nom lorsqu'il fondera un quotidien à Québec, en 1967). L'alliance de Cauchon et Côté durait toujours en 1871. Cette tribune médiatique avait beaucoup servi Cauchon dans sa longue carrière politique qui avait débuté en 1844 comme député de Montmorency dans l'ancien parlement du Canada-Uni et qui se poursuivait.
Le sénateur, qui était en plus député provincial de Montmorency, était riche. Très riche. Ce fils d'un petit laitier de Saint-Roch s'était payé une somptueuse résidence de la rue D'Auteuil. C'était un véritable musée qui débordait de tableaux et d'objets d'art acquis en Europe. Sa fortune éveillait des soupçons. Comment un propriétaire de journal avait-il pu amasser tant d'argent? Le Journal de Québec n'était quandmeme pas le New York Times!
Les propriétaires de l'Asile de Beauport n'avaient-ils pas intérêt à accueillir de plus en plus de personnes et à économiser sur la nourriture et les vêtements? Une simple lettre d'un curé de campagne suffisait à faire interner une personne pour le reste de son existence.
À plus d'une reprise, Cauchon s'était fait un défenseur de ce système, car il libérait le gouvernement d'une lourde responsabilité et prenait la défense des propriétaires de l'Asile de Beauport. Cauchon ne s'attendait pas à l'attaque des libéraux. Il déclara en Chambre que les médecins Landry et Roy n'étaient que des prête-noms et que le véritable propriétaire de l'Asile de Beauport était nul autre que Joseph-Edouard Cauchon.
À l'automne de 1872, lorsque le comité d'enquête sur Cauchon déposa son rapport, il ne subsistait plus que des soupçons à propos de l'implication de Cauchon dans l'Asile de Beauport. Un témoin important n'avait pas voulu répondre. Mais, Joly de Lotbinière n'en démordait pas, se doutant bien que Cauchon avait eu le temps de céder ses intérêts à Landry et Roy, et réclamait la démission de Cauchon comme député de Montmorency.
Mackenzie lui fit donc la faveur de le nommer premier lieutenant-gouverneur de la nouvelle province du Manitoba. Cette nomination souleva l'ire du Canada anglais. Le Mail de Toronto offrit même ses sincères condoléances à la population du Manitoba qui méritait un meilleur sort. D'abord heureux de la nomination, les Métis et l'évêque de Saint-Boniface, Mgr Alexandre-Antonin Taché, désenchantèrent. Au lieu de défendre les intérêts des francophones, Cauchon profita de son poste pour s'enrichir davantage.
Mais le terribl krach de 1882 le ruina. Cauchon se retira dans un homestead de la vallée de la rivière Qu'Appelle, s'y nourrissant de galette et de bacon. C'est là qu'il mourut à l'hiver de 1885, Il y est enterré dans un modeste cimetière, bien loin de Québec où on ne l'avait pas revu depuis de longues années.
N'en pouvant plus des disputes entourant les subventions, le gouvernement du Québec décida, en 1893, de céder l'Asile de Beauport aux Sœurs de la Charité de Québec qui en firent l'Hôpital Saint-Michel-Archange. Cauchon est aujourd'hui oublié à Québec. Seule une petite rue, pas très loin de l'église Saint-Charles-de-Limoilou, la rue J.-É.-Cauchon, évoque son souvenir depuis 1986. Peut-être souhaitait-il un boulevard?
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